La liberté scientifique en question : les psychologues sous l’emprise de l’idéologie

L’activité scientifique, tout autant que l’engagement des savants sur la scène publique au cours du XXe siècle, révèle des attitudes souvent contradictoires à l’égard de l’instrumentalisation politique ou idéologique de la recherche. Cela pose d’importantes questions concernant l’indépendance du scientifique, en tant que valeur culturelle et intellectuelle, tant sur le plan individuel que collectif.

Notre intervention se propose de réfléchir sur les rapports existant entre scientifiques et société, sur les conceptions épistémologiques qui animent l’activité scientifique quand elle se trouve sous la contrainte d’une idéologie ou d’une doctrine politique. En l’occurrence nous prendrons pour objet d’analyse les sciences psychologiques soumises au modèle soviétique. Mis en place en Russie soviétique à partir des années vingt, ce modèle de la science sous l'emprise du marxisme-léninisme sera transféré et imposé, après 1945, aux savants des autres pays du Bloc de l’Est, et le cas des psychologues polonais nous servira d’exemple. Ce modèle trouvera aussi des alliés parmi les savants occidentaux, notamment les psychologues français de conviction marxiste, qui cherchent à construire des ponts entre les sciences soviétique et occidentale.

Il s’agit d’une part d’analyser les mécanismes et les rhétoriques par lesquelles le pouvoir politique cherche à monopoliser les valeurs et à contrôler la recherche scientifique en fonction de ses intérêts idéologiques, en plaçant le monde scientifique devant un dilemme : soit s’en accommoder, soit refuser de se soumettre. De l’autre, il s’agit de comprendre les raisons des choix effectués et l’impact de ces derniers sur les parcours individuels, ainsi que la répercussion de l’allégeance sur la science, mise au service, non pas de la connaissance, mais d’une doctrine politique.

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